Désir et agencements
Note d'intention
Nouvelles ambivalences, agglomérations d’émotions, instrumentalisation des affectes. Dévoration/passivité : double face d’une même pièce.
Au motif de l’étreinte s’exercent la joie et la sidération des jeux humains. Sous forme de statuaires scénettes, des personnages semblent agrégés, soudés, l’absence de visage ou d’expression leur confère un état comme tourné en eux-mêmes. Quelque chose est en cours, s’agit-il d’un événement doux, grave, obscène ? l’incertitude demeure et opère comme un effet en boucle.
Ici se jouent l’innocence vulnérable, l’inconditionnel réceptif, l’émotion subjuguante. Pour toujours revenir à notre tendre et primaire besoin d’abandon ou de domination à l’endroit d’une force envahissante.
La ligne rebondie et simplifiée pose le sujet en tension, en forme tumescente. Les formats type « baigneur » sont une possible invitation à saisir, à s’approprier. L’objet parfois sans piètement, peut tanguer, changer de posture. Et, s’il se compose de plusieurs pièces, se prêter à la re-composition. Corps potelés, ronds comme l’enfance, manifestations avérées d’offrandes, ambiguïté de statut : l’objet s’expose, vulnérable. Il véhicule et stimule un lointain sentiment de fusion. Et, dans le même temps qu’il semble émettre une attraction, émane un monde clos et sans limites.
La terre est une matière prise directe, une profondeur vivante semble lui être consubstantielle. Sa nature connectée au corps et à l’esprit débride l’imaginaire. Textures et odeurs ne sont pas si loin de notre propre carnation sa maniabilité convie au trivial, à un état sans filtre, telles une invite à aller plus loin, à dépasser les bornes. La possibilité d’une plasticité immédiate permet un effet miroir de la forme pensée, pour s’acheminer à la mise en forme de la pensée elle-même.